jeudi 27 février 2014

L'urbanisme à Cognac

Photo Geopaortal
La ville de Cognac possède l'énorme avantage d'être une ville à taille humaine, située sur un site exceptionnel ˗les bords de la Charente˗ et de disposer d'une architecture magnifique : cette ville a donc un potentiel certain, mais qui n'est aujourd'hui pas optimisé. C'est là que l'urbanisme a sa carte à jouer. Mais qu'est-ce que l'urbanisme ? C'est l' « étude systématique des méthodes permettant d'adapter l'habitat urbain aux besoins des hommes. » (Robert). Ainsi, l'urbanisme doit traduire une véritable volonté d'intégrer l'homme au sein de la cité et d'utiliser au mieux les ressources naturelles et historiques pour mieux vivre ensemble. Cependant, Cognac ne semble pas avoir de vrai plan urbanistique : c'est une ville dans laquelle il manque un réel projet.


Licence libre cc-by-nc :Pierre-Alain Dorange
Or, il est tout à fait possible de réaliser un certain nombre d'aménagements pour mettre en valeur le paysage urbain : il s'agit avant tout d'accorder l'habitat de la cité et l'homme en valorisant les ressources existantes. Ainsi, commençons par ce qui semble le plus urgent : le centre ville et la zone de commerces des rues Aristide Briand et Angoulême. L'essentiel est de redynamiser le centre ville en rendant une unité esthétique à la ville et en accompagnant les propriétaires dans la prise en charge de leur bâtiment. Revitaliser le centre ville implique donc de rénover le bâti existant pour permettre à des populations nouvelles de s'y installer. Effectivement, le problème majeur demeure l'absence de logements habitables dans cette zone : les logements existent mais sont ou bien non occupés ˗au-dessus des commerces notamment˗, ou bien à rénover. Il faudrait donc lancer une étude du domaine bâti des deux axes principaux avec recherche des propriétaires et des immeubles (cartographie) dans un périmètre précis. L'étude serait faite en trois temps : 
Photo JM. Pascal
tout d'abord, une délimitation des zones sur lesquelles on veut intervenir ; ensuite, des relevés précis des bâtiments ; et enfin, l'intervention : que peut-on faire et comment le mettre en place ? Cette étude permettrait d'engager des réaménagements d'immeubles pour faire des logements ˗pour les jeunes ou les personnes âgées s'il y a peu d'étages˗ et ainsi, amener une population nouvelle au cœur même de la ville, lui apportant vie et dynamisme. Il est également tout à fait possible d'encourager et d'accompagner les propriétaires à procéder au ravalement des façades : il y aurait une obligation pour les propriétaires de s'y plier, avec une aide sous forme de subventions, bien entendu (loi Malraux pour les sites ou villes classés, or, Cognac est désormais ville d'arts et d'histoire). Par ailleurs, les rénovations de centre ville sont souvent très mal faites : il faudrait inciter les propriétaires à réhabiliter correctement (notamment thermiquement) les logements. Pour cela, il est tout à fait envisageable de constituer une équipe de spécialistes permanents chargée de la rénovation des bâtiments anciens. En réhabilitant le centre ville et en incitant des populations jeunes et moins jeunes à y résider ˗tout en favorisant donc une mixité de population˗, le centre ville se trouve redynamisé. Et repeupler le centre ville n'a que des avantages : plus d'enfants à l'école, plus de commerces car une nouvelle clientèle disponible, moins d'utilisation de la voiture. Repeupler le centre ville permettra aussi de limiter les implantations de zone commerciale. La nouvelle zone commerciale semble une aberration !

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Second point à étudier de manière prioritaire : le fief Caillon. Pourquoi créer un quartier à la périphérie de la ville plutôt que d'utiliser les bâtiments qui existent déjà ? Pourquoi densifier un espace libre, surtout un espace constitué de zones maraîchères qui peuvent nourrir les populations ? Il faut plutôt optimiser ce qui existe déjà ˗notamment le centre ville abandonné. La zone du fief Caillon devrait plutôt être proposée aux maraîchers travaillant en agriculture biologique dans le but de nourrir Cognac : les agriculteurs
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manquent terriblement de terres. C'est une vraie préoccupation. Si l'agriculteur est directement en bord de ville, c'est très pratique. Il faut donc récupérer des terres agricoles pour le maraîchage biologique et les utiliser au mieux pour nourrir les populations locales. La mairie peut, par exemple, s'engager à acheter les récoltes ˗pour alimenter les écoles notamment˗ et un bail emphytéotique peut être proposé à de jeunes agriculteurs par exemple.

Le troisième point essentiel est de désenclaver la zone de Crouin. C'est une zone dans laquelle il faut améliorer les transports : plus de bus, de transports en commun pour permettre aux habitants d'aller en centre ville facilement. Il faudrait amener des activités tertiaires à Crouin, mais sans liaison, l'entreprise semble particulièrement difficile à mener.

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Bien d'autres possibilités s'offrent à un maire dynamique qui repenserait l'urbanisme à Cognac. Tout d'abord, pensons au Parc François Premier et aux bords de Charente qui ne sont pas exploités. Ce parc représente une richesse locale et pour les habitants, et pour les touristes, même s'il faut préserver le pacte écologique passé dans ces lieux depuis longtemps maintenant : il faut le repenser en parallèle au développement touristique de la ville de Cognac, et des bords de la Charente ˗et de la base plein air notamment. Il est à déplorer que le fleuve Charente ne soit pas intégré à la Base de Loisirs aujourd'hui. Il faudrait aussi ouvrir le parc sur la Charente en créant une zone piétonnière (qui commence à émerger). Mais, plus généralement, c'est l'ensemble des bords de la Charente qui sont à aménager pour relier intimement la terre à l'eau. Il faut que Cognac mette en place une ouverture sur la Charente en aménageant les îles et les bords de la Charente, tout en tenant compte du fait qu'elles sont situées en zone inondable. Ainsi on peut envisager des espaces de restauration, des buvettes et des commerces temporaires légers ˗du type de ceux que l'on trouve au bord des plages˗, une guinguette et des bals populaires nocturnes, le tout en période estivale. Il faut également penser à des espaces de baignade sur les rives de la Charente. On peut enfin envisager de créer des stands d'éveil à la nature pour valoriser le fleuve qui baigne la ville : stand pour parler de la faune et de la flore locales (animaux, végétaux), éventuellement des promenades en barque sur le fleuve avec des explications de spécialistes (guide, appeaux et reconnaissance des cris d'animaux, des plantes...).

Certains droits réservés fourthandfifteen
Dans une vision plus globale de l'urbanisme, mais dans la suite logique de ce qui vient d'être proposé, il faudrait dynamiser les quais, et tenter de faire un tout du Parc François Premier aux quais, l'ensemble étant ouvert sur le fleuve Charente et la ville. Utilisons l'apport des maisons de Cognac, qui drainent de nombreux touristes, pour dynamiser les quais ! Le déplacement de l'office de tourisme dans les tours Saint-Jacques pourrait permettre de condenser l'offre d'information touristique à l'endroit même où les touristes se déplacent. Dans le même ordre d'idée, la rue Grande, axe principal de communication entre les quais touristiques et le centre ville, devrait faire l'objet d'une attention particulière ˗ravalement des façades, mise en valeur des bâtiments et du parcours, notamment en s'appuyant sur l'Histoire.

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Enfin, certains projets peuvent être envisagés mais relèvent d'un doux rêve, même si l'on aimerait qu'il soient réalisables ! Toujours dans une idée de valorisation des quais et du fleuve Charente et dans le but d'établir un lien profond avec la ville, il faudrait mettre en valeur la place du Solençon, dans la continuité de l'aménagement des tours Saint-Jacques. Peu de personnes empruntent le pont de Saint-Jacques, très utilisé par les voitures. On pourrait faire une passerelle entre les quais et la place, mais le projet demeure très coûteux. Pourtant, la vue de la place du Solençon des tours est magnifique : Cognac gagnerait à s'étendre, à prolonger le vieux Cognac sur cet endroit très agréable et convivial qu'est la place du Solençon. Pour une politique touristique dynamique, on peut ajouter la création d'un podium sur les bords de la Charente et d'un kiosque à musique sur la place du Solençon dans le but d'organiser des manifestations régulières.

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Quant au développement urbain dans les limites de Cognac, on peut se poser des questions sur la réhabilitation du patrimoine bâti et abandonné pour diverses raisons : le vieil hôpital, qu'en faire ? Il faudrait de toutes façons réaliser une étude préalable (étude des besoins locaux). Il est certainement possible de l'utiliser pour y construire un éco-quartier. Les chais Monnet, quant à eux, peuvent largement être transformés, pour partie, comme  un lieu de formation professionnelle (CFA et pôle verrier). Le site permet aussi d'accueillir le Foyer des Jeunes Travailleurs, l'hôtel de la CDC et un centre culturel dédié à l'Europe. Autant de lieux qui favoriseraient le vivre-ensemble.

De très nombreux projets peuvent être menés à Cognac, à commencer par celui de dynamiser la ville : l'urbanisme est un des éléments clés pour ouvrir la ville à la population et créer un espace convivial et humain. Mais la politique urbanistique ne doit pas se limiter à Cognac ; elle doit envisager l'agglomération tout entière : cela nécessite une entente de fond entre les communes et l'établissement d'un Plan Local d'Urbanisme collectif.
Jacques Murer (Ingénieur-Economiste)

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