La Sixième République : c'est urgent !
La 5e République n’en finit plus d’agoniser. L’Élysée
est le théâtre d’un vaudeville permanent depuis des mois. François Hollande est
désormais le président le plus impopulaire de l’histoire des sondages avec à
peine 13% d’opinions favorables. Le gouvernement Valls 1 aura été le plus court
depuis 1958 si l’on excepte ceux interrompus par des élections législatives
prévues de longue date ou le décès du président Pompidou. Thomas Thévenoud est
devenu le ministre le plus éphémère de la 5e République en étant renvoyé à
peine 9 jours après sa nomination. Cette déliquescence politique est la
conséquence logique et prévisible de l’enlisement économique et de
l’aggravation du chômage. Mais le régime est atteint en son cœur : la
présidence de la République.
Les institutions de la 5e République ont été
imaginées pour protéger le président et tenir le peuple à distance. En
concentrant autant de pouvoir dans les mains d’un seul homme, c’est bien la 5e
République qui rend possible les trahisons de François Hollande. Dans quelle
démocratie, un président élu peut-il à ce point tourner le dos à ses promesses
sans jamais être à portée de la colère populaire ? Dans quelle démocratie,
un président et son Premier ministre peuvent-ils détricoter des lois qu’ils ont
eux-mêmes proposées et que le Parlement a votées comme c’est le cas sur le
logement ou la réforme des modes de scrutin locaux ? L’impunité dont jouit
le président la République pousse à tous les abus de pouvoir. Pire encore, elle
érige l’irresponsabilité en modèle pour « l’élite » dirigeante du
pays. A l’image du patronat qui empoche 40 milliards sans aucune contrepartie.
Quels intérêts au pouvoir ?
Lorsqu’un pays s’enfonce jour après jour dans la
catastrophe économique, sociale et politique, qu’y a-t-il de plus urgent que de
parler du pouvoir ? Car c’est bien cela que renferme l’idée de la 6e
République et d’élection d’une Assemblée constituante : qui décide ?
Le peuple ou l’oligarchie ? Le MEDEF ou les salariés ? Les lobbys ou
les citoyens ?
Un projet global
La 6e République n’est pas seulement un mot d’ordre institutionnel et encore moins un mécano politicien. C’est un projet global : la reconquête et l’extension de la souveraineté du peuple dans tous les domaines de la vie commune.
La 6e République n’est pas seulement un mot d’ordre institutionnel et encore moins un mécano politicien. C’est un projet global : la reconquête et l’extension de la souveraineté du peuple dans tous les domaines de la vie commune.
Cela concerne évidemment les institutions politiques,
avec un double objectif. Premièrement, assurer la souveraineté populaire, par
exemple en rendant obligatoire le recours au référendum pour tout changement de
la Constitution ou tout traité européen comprenant des transferts de
souveraineté. Deuxièmement, rendre possible l’intervention citoyenne en toute
circonstance. C’est le sens de la proposition de référendum révocatoire pour
donner la possibilité d’écourter le mandat d’un élu que les citoyens ne
jugeraient plus digne de leur confiance. Mais cette intervention populaire ne
doit pas concerner que les personnes, elle doit aussi s’exprimer sur les grands
sujets en rendant possible un référendum d’initiative populaire.
Rendre le citoyen roi dans la cité donc. Mais aussi
dans l’entreprise. Là encore, les propositions sont nombreuses : doter les
comités d’entreprises d’un droit de veto sur les grandes orientations de
l’entreprise, créer un droit de préemption pour que les salariés puissent
reprendre leur entreprise sous forme coopérative… Bref, construire la
République sociale.
Mais la novation ne saurait s’arrêter là. Défendre la
6e République, c’est aussi vouloir garantir les droits écologiques de l’être
humain : protection de la propriété collective des biens publics comme
l’eau, interdiction du brevetage du vivant etc. Et franchir un nouveau cap dans
l’émancipation en étendant le bénéfice de la loi laïque de 1905 à tout le
territoire de la République, en constitutionalisant le droit de maîtriser son
propre corps, ou en garantissant la neutralité d’internet.
6ème
République : une idée qui vient de loin
Via la campagne
de Jean-Luc Mélenchon, 2012 fut la première présidentielle à faire connaître
au grand public la proposition de 6ème République. Elle s’est en particulier
manifestée avec force à l’occasion des marches pour la révolution citoyenne
des 18 mars 2012 et 5 mai 2013 place de la Bastille à Paris.
Ce projet est
le fruit d’une réflexion cohérente de longue haleine. Dès sa fondation en
1958-1962, deux forces avaient d’emblée pointé les dangers technocratiques et
autoritaires de la 5ème République : les communistes et des républicains
comme Pierre Mendès-France et François Mitterrand. Ce dernier écrivait
d’ailleurs dans son Coup d’Etat permanent de 1966 qu’ « au régime
vieillot qui s’applique à perpétuer une société agonisante, les républicains
peuvent opposer la promesse féconde d’un monde nouveau où la loi, sage et
hardie, fera du peuple son propre maître. »
Ensuite laissée en jachère, cette critique de la 5ème République a été relancée dans les années 1990 par la Gauche socialiste. Dans une tribune publiée dans le Monde le 12 juillet 1990 sous le titre « Vite la 6è République ! », Jean-Luc Mélenchon et ses camarades pointent déjà le déséquilibre entre « un Parlement au pouvoir limité, à l’initiative bridée comme s’il fallait contenir la démocratie » et « un exécutif omnipotent à travers quelques centres de décisions, pas toujours clairement identifiés et impossibles à sanctionner. » Ils dénoncent la dérive monarchique d’un « pouvoir qui devient opaque et inabordable pour le citoyen ». Au congrès de l’Arche du PS de novembre 1991, ils défendent « Une 6ème République pour le changement social ». Puis Jean-Luc Mélenchon est à l’initiative en 1992-1993 de la première Convention pour la 6ème République. Avant que cet intitulé ne soit repris dans les années 2000 par Arnaud Montebourg.
L’approfondissement
de la crise démocratique au fil des années n’a cessé de conforter ce
diagnostic jusqu’à l’état d’urgence politique actuel. C’est désormais au
grand nombre de s’emparer directement de cette intuition révolutionnaire.
Pour en faire un véritable mouvement de société.
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6ème : les pour et les contre
L’autre gauche pour la 6ème
« Nous voulons la 6e République, nous voulons la
fin du cumul des mandats, et nous voulons un vrai combat contre la finance,
contre la fraude fiscale, contre la corruption ».
Eva Joly, 2013
Eva Joly, 2013
« Inspiré des idées que j’ai toujours gardé avec
moi de la 6ème République, je crois nécessaire que l’économie appartienne au
commun de la démocratie pour tous et faite par tous. »
Arnaud Montebourg, 2014
« Nous sommes au bout du système présidentiel,
qui permet à un homme de diriger seul pendant cinq ans, sans tenir compte de
l’avis de son peuple. Il faut passer à la VIe République et redonner du poids
au Parlement. »
Cécile Duflot, 2014
« Des élections non complétées par la révocabilité
ne constituent de toute façon qu’une démocratie étriquée ».
Arlette Laguiller, 2007
« On va créer la 6e République. Il faut que dans
les droits fondamentaux, on ne puisse pas couper les droits du citoyen d’un
côté et les droits des travailleurs de l’autre ».
José Bové, 2007.
José Bové, 2007.
L’oligarchie défend la 5e
« Quand certains parlent d’aller vers la 6e
République, je leur dis : revenons déjà à la 5e »
Marine Le Pen, 30 août 2014
Marine Le Pen, 30 août 2014
« Je n’ai jamais été favorable à une 6e
République »
François Hollande, 3 octobre 2013
« On ne fera pas la rupture en abandonnant la 5e République. Leur
6e République, c’est le retour de l’impuissance ».
Nicolas Sarkozy, 2007
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