mardi 23 septembre 2014

Déjà vu - Mardi 23 Septembre 2014


C’est comme un mauvais film. Qui dissimulerait une panne béante de scénario en rejouant toujours la même scène. Le duel Hollande-Sarkozy est, pour paraphraser ce dernier, « élimé comme un vieux tapis qui aurait trois siècles ». C’est pour ça qu’il marche. Pas besoin de son. L’image suffit. On ne saura donc pas ce qui distingue Sarkozy de Hollande sur le plan concret de la politique à mener. Cette mise en scène de l’alternance est décidément très cinquième République. Le choc cathodique y remplace les débats d’orientation. Mais il traduit aussi la panne d’imagination du système. Son bégaiement est un aveu : rien de neuf ne peut sortir d’un régime usé jusqu’à la corde. A droite, ceux-là même qui ambitionnaient d’écrire l’après-sarkozysme sont en effet enrôlés de gré ou de force derrière leur ancien champion. Les bègues ne sont pas heureux.

 
L’acharnement du système médiatique à sacraliser ce duel – quelle exposition au JT de France 2 ! – est à la hauteur de la vacuité de cet affrontement. Il lui faut conjurer un risque réel : que face à la panne de scénario le public change de programme. Ce risque est une chance. En décrochant de ce théâtre d’ombres, le peuple peut déchirer une part du voile qui lui donne faussement le choix entre deux styles austéritaires. L’alternative politique rejoint donc le combat pour une sixième République. Hollande pense à conjurer ce danger dans sa conférence de presse. Interrogé sur la vérification démocratique promise à mi-mandat, l’actuel Président de la République fit mine de considérer que le récent vote de confiance en tenait lieu. Ainsi, une comédie prévue par les textes institutionnels remplace une authentique adhésion populaire. Pas sûr que cela suffise au peuple pour assurer son consentement à l’autorité. Il serait même étonnant qu’un tel spectacle produise des effets légitimant pour un Chef de l’Etat qui se passe aussi cyniquement de toute légitimité populaire au motif qu’il a un jour été élu.

Vient donc le moment où ces rideaux de fumée se déchireront. Et jamais le système n’a été si faible. Jamais ces coulisses n’ont été aussi visibles. Cela doit nous encourager à donner le coup d’épaule qui manque. Car la scène tient encore. Autant la conférence de presse de Hollande fut un bide, autant la prestation de Sarkozy capta l’attention. Les bêtes blessées font toujours recette. L’avenir n’est donc pas écrit. Mais on sait à quoi il peut ressembler. Si la sixième ne s’impose pas, on a une idée du programme. A nous d’envoyer ce mauvais film par-dessus bord.

François Delapierre
Secrétaire national du Parti de Gauche

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