C’est comme un mauvais film. Qui dissimulerait une panne béante de scénario en
rejouant toujours la même scène. Le duel Hollande-Sarkozy est, pour paraphraser
ce dernier, « élimé comme un vieux tapis qui aurait trois siècles ».
C’est pour ça qu’il marche. Pas besoin de son. L’image suffit. On ne saura donc
pas ce qui distingue Sarkozy de Hollande sur le plan concret de la politique à
mener. Cette mise en scène de l’alternance est décidément très cinquième
République. Le choc cathodique y remplace les débats d’orientation. Mais il
traduit aussi la panne d’imagination du système. Son bégaiement est un
aveu : rien de neuf ne peut sortir d’un régime usé jusqu’à la corde. A
droite, ceux-là même qui ambitionnaient d’écrire l’après-sarkozysme sont en effet
enrôlés de gré ou de force derrière leur ancien champion. Les bègues ne sont
pas heureux.
L’acharnement du système médiatique à sacraliser ce
duel – quelle exposition au JT de France 2 ! – est à la hauteur de la
vacuité de cet affrontement. Il
lui faut conjurer un risque réel : que face à la panne de scénario le
public change de programme. Ce risque est une chance. En décrochant de ce
théâtre d’ombres, le peuple peut déchirer une part du voile qui lui donne
faussement le choix entre deux styles austéritaires. L’alternative politique
rejoint donc le combat pour une sixième République. Hollande pense à conjurer
ce danger dans sa conférence de presse. Interrogé sur la vérification
démocratique promise à mi-mandat, l’actuel Président de la République fit mine
de considérer que le récent vote de confiance en tenait lieu. Ainsi, une
comédie prévue par les textes institutionnels remplace une authentique adhésion
populaire. Pas sûr que cela suffise au peuple pour assurer son consentement à
l’autorité. Il serait même étonnant qu’un tel spectacle produise des effets
légitimant pour un Chef de l’Etat qui se passe aussi cyniquement de toute
légitimité populaire au motif qu’il a un jour été élu.
Vient donc le moment où ces rideaux de fumée se
déchireront. Et jamais le système n’a été si faible. Jamais ces coulisses n’ont été aussi visibles. Cela
doit nous encourager à donner le coup d’épaule qui manque. Car la scène tient
encore. Autant la conférence de presse de Hollande fut un bide, autant la
prestation de Sarkozy capta l’attention. Les bêtes blessées font toujours
recette. L’avenir n’est donc pas écrit. Mais on sait à quoi il peut ressembler.
Si la sixième ne s’impose pas, on a une idée du programme. A nous
d’envoyer ce mauvais film par-dessus bord.
François Delapierre
Secrétaire national du Parti de Gauche
Secrétaire national du Parti de Gauche
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