Autrefois, il n’y a pas si longtemps, le débat
budgétaire était le plus important d’une année parlementaire. Chacun, avec des jouteurs reconnus, se faisait fort
d’y incarner le clivage gauche-droite. C’en est devenu la négation. Il s’est
même trouvé des députés « de gauche », enfin du P « S »,
pour réclamer une ponction supplémentaire sur la consommation populaire à
travers une hausse record de la TVA. A croire qu’ils préfèrent les satisfecit
de la Commission européenne à ceux de leurs mandants. Sinon ils auraient
applaudi la proposition de Sarkozy qui n’allait pas jusque-là. Seul Valls
l’avait alors fait. Reconnaissons-lui le mérite de la continuité, en pire. Les
autres avaient rebaptisé anti-sociale cette TVA pour mieux prendre le
contre-pied de Sarkozy. Il ne fallait pas tout brouiller. Autrefois.
Le détail du budget Valls sera connu avec le Conseil
des ministres de mercredi. Mais l’essentiel est déjà fixé. Il s’agit de
l’argent pris au peuple au nom de la dette. Les 50 milliards d’ici 2017 claironnés par Hollande
aux oreilles du Medef. Pour 2015, ce sont 21 milliards pour commencer :
7,3 dans les caisses de l’Etat, 3,7 dans celles des collectivités locales, 10
milliards dans la sécu. Tout en découle. C’est-à-dire des mesures d’austérité
dont la seule justification est cette absurde règle comptable. La discussion
porte sur la technique. L’impôt devient un auxiliaire de la rente : il est
là pour faire rentrer l’argent qu’elle prélève. Passionnante discussion, à
laquelle nous ne sacrifierons pas.
Car le résultat d’ensemble est déjà connu. Il
ridiculise les pointages doctement compilés par les médiacrates et diverses
officines « indépendantes » pendant la dernière présidentielle.
Hollande avait promis de ramener le déficit public à 3% en 2013. On sait ce
qu’il en fut. 4,2% cette année-là. Plus encore prévu pour l’année prochaine. La
preuve est faite que l’austérité creuse les déficits. C’est pas faute de
l’avoir annoncé dès le premier jour. Les prévisions de croissance faites par
l’INSEE sont durablement faméliques. Et ne parlons pas de la fameuse courbe du
chômage. C’est pourtant le chiffre qui pèse le plus sur le pays. Mais les
savants pointages de Hollande lui avaient valu d’être raisonnable.
C’est donc un autre budget et une autre politique
dont il faudrait parler. Il est
urgent de soutenir la consommation populaire, de relancer l’activité par la
planification écologique. Les propositions concrètes regorgent dans les
contre-budgets du PG. Gageons que ce débat n’aura pas lieu. Le Parlement n’est
plus le lieu où s’expriment et se structurent les contradictions qui traversent
la société. C’est un Parlement de la Vème République. Vidé de toute substance.
Juste bon à voter la confiance après avoir donné 5% tout mouillés au candidat
Valls à la primaire. Il y manque trop de choses : des députés liés à leurs
mandants, et donc fidèles à ceux-ci, un pluralisme véritable, des frondeurs qui
préparent autre chose qu’un congrès du PS… Il est temps d’avoir un
Parlement de la VIème République pour un autre budget, et une autre politique.
François Delapierre
Secrétaire national du Parti de Gauche
Secrétaire national du Parti de Gauche
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires irrespectueux, insultants, racistes ou non conformes à la loi seront effacés dans leur intégralité.
Pensez que ce vous écrivez sera archivé et lisible pendant plusieurs années, donc merci de bien tourner 7 fois votre clavier avant d'écrire...
Merci d'indiquer votre nom ou un pseudonyme avec votre commentaire.