Crédit photo photosdegauche.fr (fabien de chavanes) |
Valls 2 a donc succédé à Valls 1.
De prime abord, ce
changement semblait répondre aux dernières sorties critiques de Montebourg et
Hamon, soit espérer colmater une crise politique larvée qui pouvait inquiéter
les marchés ou Merkel.
On peut maintenant se demander s’il ne s’agissait pas
surtout de faire place nette pour passer un cap supplémentaire dans la
politique libérale. Car depuis une semaine ça accélère. Dans le symbole d’abord :
la nomination d’Emmanuel Macron à Bercy et la standing ovation de Valls au
Medef. Symbolique ? Pas seulement, car le message à la finance et au
patronat de combat est clair : le gouvernement est avec vous. Autrement
dit, sans même attendre les projets de loi de dérégulation accélérée du code du
travail, les vannes sont ouvertes. Les salariés savent ce que cela induit dans
les entreprises. Les annonces ont suivi : remise en cause d’une durée
légale hebdomadaire du travail (car c’est ce que cache en réalité les sorties
sur les 35 heures par ailleurs déjà fortement écornées), assouplissement des
seuils sociaux et du travail du dimanche, attaques scandaleuses contre les
chômeurs, relance des partenariats publics-privés notamment pour des grands
projets inutiles, abandon de toute velléité d’encadrement des loyers et retour
à une fiscalité avantageuse pour les promoteurs… Sans oublier le mépris porté
aux droits des femmes avec la suppression du ministère éponyme. Tout ça en
moins de 8 jours.
Valls 2, et Hollande avec lui, foncent
donc vers… l’abîme.
Car il a beau disposer d’un gouvernement aux ordres,
de la part la plus libérale du patronat derrière lui, de la confiance de la
finance, il se heurte aux faits : cette politique ne marche pas. Il n’y a
donc pas besoin d’être devin pour décrire la situation dans trois mois. C’est
celle d’aujourd’hui : chômage en progression constante, activité en berne,
toujours moins de services publics et de protection sociale, profits et
dividendes des actionnaires en hausse. Et courbe de popularité du Président et
du Premier ministre au plus bas.
Mieux vaut donc abréger au plus vite les
souffrances du peuple en combattant ce gouvernement comme nous le ferions face
à n’importe quel gouvernement de droite.
Les « Valls démission » qui ont attendu le
Premier ministre à sa descente de train à La Rochelle anticipent l’ambiance
d’ici quelques semaines. Déjà la CGT appelle à une journée d’action sur le
budget mi-octobre et les associations s’organisent pour défendre l’hôpital ou
le droit au logement.
Laurent Baumel, un des leaders de "Vive la Gauche" |
Doit-on attendre quelque chose du PS dans
cette situation ?
C’est l’illusion semée par ceux qui nous dépeignent
la ligne Valls, minoritaire en son sein. Dangereuse illusion qui nous
laisserait dépendants de son évolution et ramenés au système dont il est
désormais un représentant. Car si les frondeurs ont su incontestablement
mobiliser à la Rochelle, la dernière image restera celle de Valls maîtrisant
globalement la fin de l’université d’été, trois jours après celle du Medef.
Sans oublier que plus de 200 députés ont répondu aux frondeurs dans un appel
pro-gouvernemental.
Notre intention n’est pas de balayer d’une main les
réactions des frondeurs, mais nous leur disons que s’ils ne se reconnaissent
pas dans ce gouvernement, ils ont, avec leurs homologues d’EELV ou du MRC, une
occasion de l’empêcher de nuire davantage en votant contre la confiance le 16
septembre prochain. Tout autre vote serait inutile. L’heure de vérité a
sonné : il faut dire non ou se taire par la suite.
En tous les cas notre action ne dépendra
pas d’eux. C’est ce que nous dirons à l’Assemblée générale du Front de Gauche
le 6 septembre à Montreuil.
C’est une date importante car elle ouvre une période
de débats qui devra clarifier la stratégie du Front de Gauche pour rester utile
et œuvrer à l’alternative globale au système dont nous avons besoin. Nous
devrions en sortir avec un appel au combat contre le gouvernement, mais cela ne
suffira pas à l’avenir. L’autonomie sera donc au cœur de la discussion. Nous
comptons convaincre de la pertinence de la proposition d’un mouvement pour la
6ème République lancée à notre Remue-méninges par Jean-Luc Mélenchon. C’est ce
à quoi nous allons oeuvrer dans les mois à venir pour remettre le peuple en
mouvement, pour bouleverser la situation d’ici 2017. Nous espérons que le Front
de Gauche sera un outil moteur de ce processus.
Eric Coquerel,
SN à la coordination politique du PG
SN à la coordination politique du PG
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