Le crédit
« revolver » des collectivités locales !
Licence libre (cc-by-sa) : "Chantier LGV" de Guy Buchmann |
« Vous n’avez pas d’argent ? Bougez pas,
nous sommes là pour vous aider ! Empruntez dès maintenant et commencez à
rembourser dans trois mois… »
Nous avons tous lu ça, au grès des prospectus trouvés dans notre boîte aux
lettres ou des publicités dans nos magazines. Nous avons également regardé au
JT des reportages mettant au jour la perversité de ce type de crédits qui
touchent durement les plus défavorisés. Nous avons tous entendu des ministres
compatissants promettre la protection des consommateurs. Nous savons tous que
rien ne bouge et que les sociétés de crédit, loin de péricliter, se portent
très bien et contribuent au surendettement des français.
Ce crédit revolving qui vous met le revolver sur la
tempe est déclinable d’une certaine façon, au niveau des collectivités
territoriales en manque de moyens et qui doivent, coûte que coûte, financer des
équipements.
Depuis dix ans, avec comme premier VRP Nicolas
Sarkozy, des opérateurs privés financent la construction, l’équipement et
l’exploitation d’un équipement pour une durée déterminée, à la place de la
puissance publique, notamment, les collectivités territoriales, sous prétexte
de pouvoir faire mieux.
Vous ne pouvez pas emprunter une grosse somme sur du
court terme, alors empruntez sur du long terme et réduisez vos annuités !
Ce que l’histoire ne dit pas, comme pour les particuliers, c’est que l’addition
n’est pas la même…
Comment ça fonctionne ? Rien de plus
simple : des consultants, les mêmes qui fournissent l’offre du privé, vous
livrent une étude qui débouche sur un contrat de longue durée fort juteux. Au
coût exorbitant du crédit s’ajoutent contractuellement des frais de gestion et
d’exploitation absolument hors de propos. Dans ce processus les banques, les
sociétés de crédit et les gros trusts se partagent le gâteau, non sans
enfreindre la loi en passant des accords où la
suspicion d’ententes le dispute à la corruption et au favoritisme. C’est sans
doute cela que l’on appelle la performance du secteur privé… N’oublions pas la
rente que se font les consultants employés par les deux parties !
À ce sombre tableau, il faut ajouter que le but d’une
entreprise privée, étant de faire toujours plus de profit, entraîne que la
qualité des services fournis s’en ressent et que les usagers ont la triple
peine : ils paient leurs impôts qui financent le privé et assurent les
actionnaires de toucher de bons dividendes, sans oublier qu’ils vont payer des
prestations supplémentaires comme le parking (il faut que ça rapporte). Cerise
sur le gâteau, toutes les malfaçons seront à la charge de la collectivité,
alors qu’elles sont imputables aux sociétés privées
en question. Donc au final, ce sera encore les contribuables qui paieront.
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Droits réservés Cliché Sud Ouest © |
On ne peut être que scandalisé quand on sait que
seulement trois trusts se répartissent 92% des grands projets (Vinci, Eiffage
et Bouygues). Les PPP montrent que la finance ne se contente plus de gérer et
de vendre de la dette. Grâce au PPP, elle en produit. Elle fabrique de
l'endettement public de manière vingt fois plus rentable, à son initiative.
Les PPP sont de plus en plus une pratique courante.
Nous avons tous l’exemple catastrophique du centre hospitalier sud francilien
qui a eu 8 mois de retard, 8000 erreurs de construction, une réévaluation à la
hausse des loyers et un surcoût de 100 millions d’euros pour des travaux non
prévus dans le contrat initial ! Dans un
autre genre, récemment Ecomouv’ s’est illustré dans l’affaire de l’écotaxe et
cette fois, il y eut une grande première, l’impôt devait être collecté par une
société privée…
La liste est longue, d’autant plus longue que
l’Europe, dans sa course à l’austérité, par la voix de monsieur Barroso (2009),
ne ménage pas ses efforts : « Les partenariats public-privé peuvent
aider les autorités publiques à créer de l’emploi en continuant à investir dans
le futur, tandis que nous mettons en œuvre des stratégies publiques à
l’équilibre. (…) Nous souhaitons que les autorités publiques utilisent
davantage et plus efficacement les PPP. » Il s’agit bien là de
l’intérêt des grands groupes privés !
À Cognac, nous avons réussi à convaincre la
municipalité et la CDC de ne pas avoir recourt aux PPP pour financer une
nouvelle piscine. Les deux ans à venir vont être difficiles, vu que 3 milliards
d’euros vont être retirés aux collectivités locales, au titre des économies.
Plus grande sera la tentation…
Si le particulier peut paraître crédule devant les
crédits revolving, les instances publiques ne peuvent être que complices des
multinationales avec l’usage des PPP.
Nous ne le ferons pas ! Nous développerons les
services publics !
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