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Photo Geopaortal |
La ville de
Cognac possède l'énorme avantage d'être une ville à taille
humaine, située sur un site exceptionnel ˗les
bords de la Charente˗ et
de disposer d'une architecture magnifique : cette ville a donc
un potentiel certain, mais qui n'est aujourd'hui pas optimisé. C'est
là que l'urbanisme a sa carte à jouer. Mais qu'est-ce que
l'urbanisme ? C'est l' « étude systématique des
méthodes permettant d'adapter l'habitat urbain aux besoins des
hommes. » (Robert). Ainsi, l'urbanisme doit traduire une
véritable volonté d'intégrer l'homme au sein de la cité et
d'utiliser au mieux les ressources naturelles et historiques pour
mieux vivre ensemble. Cependant, Cognac ne semble pas avoir de vrai
plan urbanistique : c'est une ville dans laquelle il manque un
réel projet.
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Or, il est
tout à fait possible de réaliser un certain nombre d'aménagements
pour mettre en valeur le paysage urbain : il s'agit avant tout
d'accorder l'habitat de la cité et l'homme en valorisant les
ressources existantes. Ainsi, commençons par ce qui semble le plus
urgent : le centre ville et la zone de commerces des rues
Aristide Briand et Angoulême. L'essentiel est de redynamiser le
centre ville en rendant une unité esthétique à la ville et en
accompagnant les propriétaires dans la prise en charge de leur
bâtiment. Revitaliser le centre ville implique donc de rénover le
bâti existant pour permettre à des populations nouvelles de s'y
installer. Effectivement, le problème majeur demeure l'absence de
logements habitables dans cette zone : les logements existent
mais sont ou bien non occupés ˗au-dessus
des commerces notamment˗,
ou bien à rénover. Il faudrait donc lancer une étude du domaine
bâti des deux axes principaux avec recherche des propriétaires et
des immeubles (cartographie) dans un périmètre précis. L'étude
serait faite en trois temps :
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Photo JM. Pascal |
tout d'abord, une délimitation
des zones sur lesquelles on veut intervenir ; ensuite, des
relevés précis des bâtiments ; et enfin, l'intervention :
que peut-on faire et comment le mettre en place ? Cette étude
permettrait d'engager des réaménagements d'immeubles pour faire des
logements ˗pour les
jeunes ou les personnes âgées s'il y a peu d'étages˗
et ainsi, amener une population nouvelle au cœur même de la ville,
lui apportant vie et dynamisme. Il est également tout à fait
possible d'encourager et d'accompagner les propriétaires à procéder
au ravalement des façades : il y aurait une obligation pour les
propriétaires de s'y plier, avec une aide sous forme de subventions,
bien entendu (loi Malraux pour les sites ou villes classés, or,
Cognac est désormais ville d'arts et d'histoire). Par ailleurs, les
rénovations de centre ville sont souvent très mal faites : il
faudrait inciter les propriétaires à réhabiliter correctement
(notamment thermiquement) les logements. Pour cela, il est tout à
fait envisageable de constituer une équipe de spécialistes
permanents chargée de la rénovation des bâtiments anciens. En
réhabilitant le centre ville et en incitant des populations jeunes
et moins jeunes à y résider ˗tout
en favorisant donc une mixité de population˗,
le centre ville se trouve redynamisé. Et repeupler le centre ville
n'a que des avantages : plus d'enfants à l'école, plus de
commerces car une nouvelle clientèle disponible, moins d'utilisation
de la voiture. Repeupler le centre ville permettra aussi de limiter
les implantations de zone commerciale. La nouvelle zone commerciale
semble une aberration !
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Second point
à étudier de manière prioritaire : le fief Caillon. Pourquoi
créer un quartier à la périphérie de la ville plutôt que
d'utiliser les bâtiments qui existent déjà ? Pourquoi
densifier un espace libre, surtout un espace constitué de zones
maraîchères qui peuvent nourrir les populations ? Il faut
plutôt optimiser ce qui existe déjà ˗notamment
le centre ville abandonné. La zone du fief Caillon devrait plutôt
être proposée aux maraîchers travaillant en agriculture biologique
dans le but de nourrir Cognac : les agriculteurs
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manquent
terriblement de terres. C'est une vraie préoccupation. Si
l'agriculteur est directement en bord de ville, c'est très pratique.
Il faut donc récupérer des terres agricoles pour le maraîchage
biologique et les utiliser au mieux pour nourrir les populations
locales. La mairie peut, par exemple, s'engager à acheter les
récoltes ˗pour alimenter
les écoles notamment˗ et
un bail emphytéotique peut être proposé à de jeunes agriculteurs
par exemple.
Le troisième
point essentiel est de désenclaver la zone de Crouin. C'est une zone
dans laquelle il faut améliorer les transports : plus de bus,
de transports en commun pour permettre aux habitants d'aller en
centre ville facilement. Il faudrait amener des activités tertiaires
à Crouin, mais sans liaison, l'entreprise semble particulièrement
difficile à mener.
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Bien
d'autres possibilités s'offrent à un maire dynamique qui
repenserait l'urbanisme à Cognac. Tout d'abord, pensons au Parc
François Premier et aux bords de Charente qui ne sont pas exploités.
Ce parc représente une richesse locale et pour les habitants, et
pour les touristes, même s'il faut préserver le pacte écologique
passé dans ces lieux depuis longtemps maintenant : il faut le
repenser en parallèle au développement touristique de la ville de
Cognac, et des bords de la Charente ˗et
de la base plein air notamment. Il est à déplorer que le fleuve
Charente ne soit pas intégré à la Base de Loisirs aujourd'hui. Il
faudrait aussi ouvrir le parc sur la Charente en créant une zone
piétonnière (qui commence à émerger). Mais, plus généralement,
c'est l'ensemble des bords de la Charente qui sont à aménager pour
relier intimement la terre à l'eau. Il faut que Cognac mette en
place une ouverture sur la Charente en aménageant les îles et les
bords de la Charente, tout en tenant compte du fait qu'elles sont
situées en zone inondable. Ainsi on peut envisager des espaces de
restauration, des buvettes et des commerces temporaires légers ˗du
type de ceux que l'on trouve au bord des plages˗,
une guinguette et des bals populaires nocturnes, le tout en période
estivale. Il faut également penser à des espaces de baignade sur
les rives de la Charente. On peut enfin envisager de créer des
stands d'éveil à la nature pour valoriser le fleuve qui baigne la
ville : stand pour parler de la faune et de la flore locales
(animaux, végétaux), éventuellement des promenades en barque sur
le fleuve avec des explications de spécialistes (guide, appeaux et
reconnaissance des cris d'animaux, des plantes...).
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Dans une
vision plus globale de l'urbanisme, mais dans la suite logique de ce
qui vient d'être proposé, il faudrait dynamiser les quais, et
tenter de faire un tout du Parc François Premier aux quais,
l'ensemble étant ouvert sur le fleuve Charente et la ville.
Utilisons l'apport des maisons de Cognac, qui drainent de nombreux
touristes, pour dynamiser les quais ! Le déplacement de
l'office de tourisme dans les tours Saint-Jacques pourrait permettre
de condenser l'offre d'information touristique à l'endroit même où
les touristes se déplacent. Dans le même ordre d'idée, la rue
Grande, axe principal de communication entre les quais touristiques
et le centre ville, devrait faire l'objet d'une attention
particulière ˗ravalement
des façades, mise en valeur des bâtiments et du parcours, notamment
en s'appuyant sur l'Histoire.
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Enfin,
certains projets peuvent être envisagés mais relèvent d'un doux
rêve, même si l'on aimerait qu'il soient réalisables !
Toujours dans une idée de valorisation des quais et du fleuve
Charente et dans le but d'établir un lien profond avec la ville, il
faudrait mettre en valeur la place du Solençon, dans la continuité
de l'aménagement des tours Saint-Jacques. Peu de personnes
empruntent le pont de Saint-Jacques, très utilisé par les voitures.
On pourrait faire une passerelle entre les quais et la place, mais le
projet demeure très coûteux. Pourtant, la vue de la place du
Solençon des tours est magnifique : Cognac gagnerait à
s'étendre, à prolonger le vieux Cognac sur cet endroit très
agréable et convivial qu'est la place du Solençon. Pour une
politique touristique dynamique, on peut ajouter la création d'un
podium sur les bords de la Charente et d'un kiosque à musique sur la
place du Solençon dans le but d'organiser des manifestations
régulières.
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Quant au
développement urbain dans les limites de Cognac, on peut se poser
des questions sur la réhabilitation du patrimoine bâti et abandonné
pour diverses raisons : le vieil hôpital, qu'en faire ? Il
faudrait de toutes façons réaliser une étude préalable (étude
des besoins locaux). Il est certainement possible de l'utiliser pour y construire un éco-quartier. Les chais Monnet, quant à eux, peuvent largement être transformés, pour partie, comme un lieu de formation professionnelle (CFA et pôle verrier). Le site permet aussi d'accueillir le Foyer des Jeunes Travailleurs, l'hôtel de la CDC et un centre culturel dédié à l'Europe. Autant de lieux qui favoriseraient le vivre-ensemble.
De très
nombreux projets peuvent être menés à Cognac, à commencer par
celui de dynamiser la ville : l'urbanisme est un des éléments
clés pour ouvrir la ville à la population et créer un espace
convivial et humain. Mais la politique urbanistique ne doit pas se
limiter à Cognac ; elle doit envisager l'agglomération tout
entière : cela nécessite une entente de fond entre les
communes et l'établissement d'un Plan Local d'Urbanisme collectif.
Jacques Murer (Ingénieur-Economiste)
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